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Le blog de Liens protestants, le journal protestant du nord

Dieu et sa création (Genèse 1 et 2 ; Genèse 6 à 8)

26 Mars 2009 , Rédigé par Liens protestants Publié dans #Prédications - homélies

Éditorial

 

Le créateur

 

Peut-on aujourd’hui prêcher la croyance en un Dieu créateur ? Les récits de la création, vieux de plusieurs milliers d’années, ont-ils encore quelque chose à nous dire ? Trois prédicateurs ont répondu par l’affirmative.

Étienne Babut[i] a revisité les premières pages de la Genèse en se posant la question de la place aujourd’hui de l’homme et de Dieu dans la création.

Xavier Langlois s’est demandé comment nous pouvions louer un Dieu créateur juste et bon, après une catastrophe naturelle telle que celle du tsunami.

Quant à Éva Noquet[ii], elle nous invite à nous émerveiller devant la création.

 

Bonne lecture à tous.

 



[i] La prédication d’Étienne n’a pas été prêchée mais écrite sur demande du Porte-Parole.

[ii] Lors de cette prédication, la table de communion était couverte de fruits et légumes apportés par les paroissiens et la chaire était décorée des couleurs de l’arc-en-ciel.

  Arche de Noé (église saint-Etienne du Mont Paris) 


Croire en un Dieu toujours créateur

 

Genèse 1 à 2/4  Lorsque Dieu commença la création du ciel et de la terre, la terre était déserte et vide, et la ténèbre à la surface de l’abîme ; le souffle de Dieu planait à la surface des eaux,

Et Dieu dit : « Que la lumière soit ! » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne. Dieu sépara la lumière de la ténèbre. Dieu appela la lumière jour et la ténèbre, il l’appela nuit. Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour.

Dieu dit : « Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux ! » Dieu fit le firmament et il sépara les eaux inférieures au firmament d’avec les eaux supérieures. Il en fut ainsi. Dieu appela le firmament ciel. Il y eut un soir, il y eut un matin : deuxième jour.

Dieu dit : « Que les eaux inférieures au ciel s’amassent en un seul lieu et que le continent paraisse ! » Il en fut ainsi. Dieu appela terre le continent; il appela mer l’amas des eaux. Dieu vit que cela était bon.

Dieu dit : « Que la terre se couvre de verdure, d’herbe qui rende féconde sa semence, d’arbres fruitiers qui, selon leur espèce, portent sur terre des fruits ayant en eux-mêmes leur semence ! » Il en fut ainsi. La terre produisit de la verdure, de l’herbe qui rende féconde sa semence selon son espèce, des arbres qui portent des fruits ayant en eux-mêmes leur semence selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : troisième jour.

Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour de la nuit, qu’ils servent de signes tant pour les fêtes que pour les jours et les années, et qu’ils servent de luminaires au firmament du ciel pour illuminer la terre. » Il en fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires, le grand luminaire pour présider au jour, le petit pour présider à la nuit, et les étoiles. Dieu les établit dans le firmament du ciel pour illuminer la terre, pour présider au jour et à la nuit et séparer la lumière de la ténèbre. Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : quatrième jour.

Dieu dit : « Que les eaux grouillent de bestioles vivantes et que l’oiseau vole au-dessus de la terre face au firmament du ciel. » Dieu créa les grands monstres marins, tous les êtres vivants et remuants selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon. Dieu les bénit en disant : « Soyez féconds et prolifiques, remplissez les eaux dans les mers, et que l’oiseau prolifère sur la terre ! » Il y eut un soir, il y eut un matin : cinquième jour.

Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants, selon leur espèce : bestiaux, petites bêtes, et bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce et toutes les petites bêtes du sol selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.

Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance et qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent sur la terre ! »

Dieu créa l’homme à son image,

            À l’image de Dieu il le créa ;

            Mâle et femelle il les créa.

Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre ! »

Dieu dit : « Voici, je vous donne toute herbe qui porte sa semence sur toute la surface de la terre et tout arbre dont le fruit porte sa semence ; ce sera votre nourriture. À toute bête de la terre, à tout oiseau du ciel, à tout ce qui remue sur la terre et qui a souffle de vie, je donne pour nourriture toute herbe nourrissante. » Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour.

Le ciel, la terre et tous leurs éléments furent achevés. Dieu acheva au septième jour l’œuvre qu’il avait faite, Il arrêta au septième jour l’œuvre qu’il faisait.

Dieu bénit le septième jour et le consacra car il avait alors arrêté toute l’œuvre qu’il avait créée par son action. Telle est la naissance du ciel et de la terre lors de la création.

[Le récit de la création se poursuit dès le verset suivant (Gen 2//4b) et remplit le reste du chapitre 2 de la Genèse, que nous vous invitons à relire dans une ou, mieux, plusieurs traductions. Ce chapitre  2  s’étend notamment sur la création du couple humain, d’emblée mis au travail dans la création de Dieu]

                                                                                              (Traduction œcuménique de la Bible)

 

            L’affirmation d’un Dieu créateur de l’Univers figure en première ligne, depuis le IVe siècle dans les confessions de foi des Églises chrétiennes (l’expression ne constitue plus, de nos jours, un pléonasme, il nous faut donc préciser). Avant les Églises chrétiennes, le judaïsme avait ajouté cette affirmation du Dieu créateur à celle du Dieu libérateur, cela à une époque que l’on situe actuellement pendant l’exil en Babylonie ou à partir du retour en Judée, soit au VIe siècle avant J.C. Après les Églises, l’Islam a lui aussi tenu à reconnaître en Allah le créateur, par exemple dans la sourate 78, intitulée « la Bonne Nouvelle », notamment dans les versets 6 à 8.

           

Il nous faut reconnaître pourtant que malgré son maintien, cette affirmation de Dieu comme créateur dans les confessions de foi traditionnelles des Églises s’est à peu près vidée d’un contenu réel. Mais un courant théologique né aux États-Unis, la Process Theology, redécouvre une importance actuelle, un contenu tonique à la confession d’un Dieu créateur. C’est peut-être ce qui a incité le rédacteur en chef du Porte-Parole à proposer à ses lecteurs-auditeurs une prédication qui parte d’une relecture des deux premiers chapitres de la Genèse et, en écho, des psaumes 89 et 104 par exemple. Mais nous ne saurions trop vous recommander de reprendre aussi les chapitres 40 à 66 du livre d’Isaïe qui transmettent, entre autres choses, un travail d’élaboration d’une théologie du Dieu créateur, et puis encore la prière de la première communauté de disciples de Jésus telle qu’elle nous est proposée dans Actes 4/24, et encore  la restitution, au chapitre 17 du même livre des Actes des Apôtres, du discours de Paul devant les sages de l’Aréopage, à Athènes où l’on aimait à se considérer comme le haut lieu de l’intelligence humaine. Allons enfin jusqu’à ce fragment d’hymne que nous trouvons au début de l’épître aux Colossiens : « Tout a été créé par lui et pour lui » (Col 1/16). Ne serait-il pas bien imprudent, voire téméraire, de considérer tous ces textes bibliques comme périmés par les progrès incessants de nos connaissances ?

 

Ces relectures bibliques ici recommandées ne nous obligent pas du tout à nous enferrer dans le débat si mal engagé naguère entre révélation de Dieu et science, lorsque notre culture occidentale s’est autorisée à une critique du dogme et des textes bibliques eux-mêmes. Ne demandons pas à ces chapitres de la Genèse, si pleins de sens, d’interdire l’hypothèse du big bang encore utilisée aujourd’hui ou la conception selon laquelle l’Univers est toujours en expansion. Ne demandons pas à ces chapitres de la Genèse de se substituer à une connaissance scientifique de l’Univers. Cherchons-y bien plutôt comment Dieu parle aux êtres plus ou moins cultivés, plus ou moins savants qui vivent en ce début du XXIe siècle. Les textes bibliques sus-évoqués ignorent évidemment le concept mêCréation d'Eve (cathédrale de Paris)me de science tel que l’a élaboré la modernité. Et c’est s’embarquer dans une curieuse – et à vrai dire douteuse entreprise – que de considérer Gen 1 et 2 comme un reportage sur des événements dont personne n’a été témoin.

 

Mais écoutons plutôt ces textes. Ils se présentent à l’évidence comme une confession de foi, dans laquelle l’Univers ne constitue pas seulement, pas d’abord un domaine de recherches illimitées pour l’intelligence humaine mais d’abord un ensemble impressionnant, admirable et admiré par la foi israélite, un vaste ensemble qui recèle encore bien des mystères pour les humains du XXIe siècle. Dans cette présentation biblique de l’Univers, la Terre semble, contre toute évidence et toute objectivité – les Israélites en étaient déjà parfaitement conscients ! – la Terre semble occuper une place centrale à cause de la création de l’être humain. L’être humain, en réalité les deux sexes de l’espèce humaine, est explicitement placé au point culminant de l’entreprise créatrice de Dieu. Notre seule intelligence, honnêtement, se reconnaît incompétente pour recevoir une telle parole susceptible d’orienter et de mobiliser, dans tous les sens du mot, notre existence.

           

Du coup, les railleries voltairiennes, par exemple sur cette lumière créée avant les luminaires, passent à côté de la construction minutieuse de cette sorte de poème de Genèse 1 et de ses strophes bien découpées et scandées. Comment pourtant ne pas être attentif à des formules telles que « Dieu dit », « et il en fut ainsi », « Dieu vit que cela était bon », et enfin « il y eut un soir, il y eut un matin » ? On comprend que le peuple d’Israël, composant peu à peu le recueil de ses Écritures, ait placé ce poème en ouverture. Et réjouissons-nous de ce que les premiers disciples de Jésus, les premiers prédicateurs de l’Évangile aient eu la sagesse de ne pas déclarer périmé ce recueil pas encore clos du temps de Jésus, « les Écritures » ou « l’Écriture » que Jésus citait volontiers.

 

            À bien écouter ce poème liturgique, nous serons bien avisés de discerner qu’il offre, à notre foi et à notre intelligence, non pas tant une explication de l’origine de l’Univers mais l’attestation d’un Dieu entamant un projet, un projet qui appelle une continuation et, pour cela, des partenaires humains. Relisez bien le premier verset de ce texte, dans la traduction qu’en donne la T.O.B. et qui corrige heureusement la traduction habituelle : « Lorsque Dieu commença la création du ciel et de la Terre… ». Le dernier verset de l’extrait reproduit ci-dessus désigne l’achèvement de cette création comme une naissance (Gen 2/4). Et une naissance marque certes l’achèvement d’une période, mais aussi et surtout le commencement d’une durée, d’une vie dans laquelle notre responsabilité est indiscutablement engagée. Entendons ce refrain qui nous donne le temps comme un espace structuré pour notre vie : « Il y eut un soir, il y eut un matin ». Dans la mise en route de son projet, ce Créateur s’est donné des partenaires pour la suite, pour toute la durée qui commence. Cette visée de la démarche créatrice de Dieu vaut bien que nous répétions ce terme, « partenaires » qui s’est déjà imposé à nous, lecteurs. Mais à l’évidence, pareille promotion ne couronne pas un progrès méritoire de l’humanité, ni même une aptitude ″acquise sur le terrain″, comme on dit de nos jours. L’histoire telle que la raconte le reste de la Bible, Premier et Nouveau Testaments, ne nous suggère jamais un statut de fonctionnaire titulaire à la française ! Dans l’ordre donné aux différents écrits bibliques par ce que l’on a appelé le canon, voici la première expression d’une relation dont Dieu a la totale initiative, une relation faite d’un amour, d’une confiance, d’une attente de la part de Dieu. Dit autrement : c’est déjà l’Évangile ! Et  la mise à mort de Jésus, au lieu de constituer la cause d’une rupture définitive entre Dieu et l’humanité, signale à qui a « des oreilles pour entendre », selon l’expression de nos évangiles, l’importance que Dieu confère à ce partenariat. C’est pourquoi c’est « au nom de Jésus » que se lèveront et que se lèvent encore des disciples dès la découverte bouleversante que la mort n’avait pas gardé le Fils de Dieu « dans ses portes », selon le langage imagé de l’ancien Israël (ps 9/14 ou 107/18 par exemple).

            Nous ne pouvons pas, en conséquence, comprendre le Créateur comme un fabricant doté d’un pouvoir magique. La parole de ce Dieu-là est créatrice en ce sens qu’elle constitue une source de vie et de sens. À l’ère de la sécularisation dans laquelle se déroule notre existence d’occidentaux modernes et se considérant comme évolués, confesser notre foi en un Dieu créateur constitue sans doute une folie aux yeux de bien de nos contemporains. Qu’importe le mépris de cette folie, comme l’écrit l’apôtre Paul (1 Corinthiens 1) si elle s’avère plus perspicace et plus pertinente que la sagesse, que le savoir, que la science des humains en témoignant que ce Dieu-là est quand même chez lui sur notre Terre, dans notre histoire, dans nos existences observables du dehors, et pas comme le produit résiduel d’un système idéologique, économique et politique selon un discours rabâché jusqu’à l’effondrement du mur de Berlin ! Nul ne dicte à Dieu sa Parole. Elle est originale, au sens plénier du terme, elle n’émane que de lui, de son projet obstinément maintenu, d’un amour décidément incommensurable. Dieu est créateur !

 

            Dieu est créateur, mais pas seulement en vertu d’un mythe somptueux sur l’origine de l’Univers. Il est aujourd’hui encore  le Dieu créateur. Il est source de vie. Source de vie cela signifie source de renouveau, de renaissance, de conversions et de reconversions, source d’amour malgré les blessures reçues et les blessures infligées ; source de pardons libérateurs, pour celui – celle - qui pardonne peut-être plus encore que pour le bénéficiaire de nos pardons, parfois maladroits jusqu’à en être blessants. Nous croyons en Dieu créateur, le Père.

            Confesser aujourd’hui : « je crois - nous croyons - en Dieu, le Père, créateur du ciel et de la Terre », c’est nous reconnaître dans un rapport de coopérant, un rapport filial de coopérant ! C’est engager, réengager notre vie avec nos ressources de toutes sortes, la réorienter autant et aussi souvent que cela s’avère nécessaire pour qu’elle tende à cette coopération filiale à l’œuvre continue du Créateur. Et cette confession de foi ainsi comprise reçoit de l’actualité une urgence que nos Églises commencent à discerner et à assumer. Il y a péril pour la création de Dieu, notamment du fait de l’activité des pays dits développés, de l’importance des pollutions engendrées par nos activités, des gaspillages des ressources non renouvelables, mais encore du fait des conséquences de l’exploitation des pays colonisés par les ex-colonisateurs, de l’importance des inégalités dans la disponibilité de ressources de première nécessité, dans l’équipement sanitaire et l’accès aux soins, dans le partage des connaissances et de leurs suites technologiques. La liste ne saurait être close ainsi.

            On pourrait ici passer du récit mythique de la création de l’Univers à celui de la création du couple humain, qui lui fait suite immédiatement. Mais cette suite contient d’autres sujets majeurs que l’on ne saurait traiter hâtivement : non seulement le ″machisme″ et le féminisme, l’égalité des sexes mais encore la sexualité, le travail et le droit du travail,  l’imbrication du service et de la liberté, et là encore la liste n’est pas close. Force nous est de nous limiter à ce premier commentaire de notre confession du Dieu créateur. Mais tout vous recommande de poursuivre votre relecture en Genèse 2, jusqu’à la fin du chapitre. Et osons confesser sans complexe, et sans légèreté, sans en rester à une affirmation doctrinale, à un plan idéologique, osons confesser avec nos vies que nous croyons en Dieu, le créateur, qui est chez lui dans notre petite Terre et dans nos histoires. Amen !

 

                                                                                                          Étienne Babut



Genèse 6,9-14 ; 7,11-24 ; 8,1-22 : Le déluge

 

Parfois, la parole de grâce il faut la chercher. Quelle histoire, quelle catastrophe : le déluge a tout détruit, non seulement les arbres et les champs, mais peut-être même l'espérance. En effet, cette terrible catastrophe nous est présentée comme l'aboutissement de la voie du mal choisie par les hommes (Gn 6,13). La faute des hommes a suscité la colère de Dieu qui décide de mettre à bas tout ce qu'il avait créé. Oui Dieu se met en colère et il va jusqu'au bout de sa colère, il va jusqu'à regretter d'avoir tout créer (Gn 6,6). Non décidément, le monde et tout ce qu'il contient n'était pas une bonne chose, l'homme n'est pas digne de la vie que Dieu lui a offerte Et que ce soit le caprice d'un Dieu colérique qui casse son jouet ou l'aboutissement d'un lent processus, d'une lutte entre Dieu et les hommes, (Mon Esprit ne va pas lutter indéfiniment contre eux Gn 6,3), peu importe, quand Dieu lui-même se met en colère, où trouver cette parole de grâce à laquelle nous sommes si attachés ? Si Dieu lui-même se repent d'avoir tout créer, quelle espérance nous reste-t-il ? Pourtant il me semble que cette parole divine qui relève et restaure, demeure dans les plis de cette histoire douloureuse.

 

Colère, sanction, lassitude... à chacun de se faire son idée devant le texte biblique, mais le Seigneur ne détruit pas tout, il entend au moins sauver Noé. Et s'il est question de déluge, d’ors et déjà il est aussi question d'Alliance (Gn 6/8). Pour la première fois dans la Bible Dieu promet de faire alliance. Quel mot merveilleux, ce mot qui nous dit que l'Éternel s'attache à notre histoire, oui mais un mot qui est offert à l'humanité en même temps que cette catastrophe lui est annoncée. Comme si le visage de ce Dieu qui fait alliance ne se découvrait vraiment qu'au coeur de la détresse. Dieu est fidèle, il ne détruit pas tout, il épargne Noé et sa famille, il y a donc encore un avenir pour l'homme devant Dieu. La voilà donc la parole de grâce : tout n'est pas détruit, et il faut se réjouir pour Noé, lui-même signe d'une humanité qui doit trouver grâce devant Dieu.

 

Se réjouir donc car il reste au moins Noé ? J’ai du mal à me satisfaire de cette explication. Comment se réjouir pour un homme quand tout alentour est chaos. Nous avons mon épouse et moi-même, une amie commune qui se trouvait en Asie au moment du Tsunami, avec son époux et ses enfants. À l'heure du drame elle se trouvait sur la plage devant la mer qui s'était retirée brutalement. Pressentant quelque chose de grave, notre amie se hâta de mettre toute sa famille à l'abri sur les hauteurs avoisinantes. Quand nous avons appris, rétrospectivement, qu'elle était là-bas avec les siens au moment du drame, nous avons eu peur ; mais quand nous avons appris les circonstances quasi miraculeuses de leur salut, nous avons soupiré de soulagement. Mais après le soulagement reste cette question : comment vivre cette bonne nouvelle sans penser à tous les autres. Bien sur, nous nous sommes réjouis qu'ils aient été préservés et c'est bien normal, quand on aime quelqu'un on ne peut que se réjouir que sa vie sa soit sauve. Nul n'aurait l'idée de faire le moindre reproche, à l'enfant qui éclate de joie en retrouvant ses parents, même au milieu de milliers de morts. Et c'est ce qui se passe à chaque catastrophe de grande ampleur, pensons à ces tremblements de terre en Turquie, en Iran, au Cachemire, chaque fois les médias nous montre des retrouvailles qui relèvent du miracle. Et chaque fois nous avons envie de nous écrier : merci Seigneur ! Mais que ce soit pour notre amie, ou pour ces cas dont manifestement l'heure n'était pas venue, comment vivre ces bonnes nouvelles sans penser à tous les autres. Au milieu de tant de morts, je ne peux me satisfaire que notre amie ait été sauvée avec sa famille. Cela me réjouit, mais ce n'est pas suffisant. Au milieu d'une catastrophe dont l'ampleur n'est même plus perceptible à l'échelle humaine, il ne peut y avoir que de la peine et plus encore de la révolte. Et dans le cas de notre amie, j'aurais même de la peine à parler de miracle, car parler de miracle aurait quelque chose d'indécent, ce serait faire peu de cas de tous les autres. Que dire à leur sujet, qu'il n'y avait pas assez de miracles en stock pour tout le monde ? La joie ne peut être complète et c'est d'ailleurs le second drame que subissent les rescapés : la culpabilité de se savoir en vie, pourquoi moi et pas l'autre ? 

 

Il ne me suffit pas que mon amie ait été sauvée. Il ne me suffit pas que Noé ait trouvé refuge dans son arche. Peut-être que cet aller-retour entre le déluge et notre actualité est choquant, car le déluge nous est présenté comme le signe de la colère de Dieu ce que, heureusement, nul n’oserait dire ni penser aujourd'hui devant des catastrophes à répétitions. Mais le mythe du déluge dans la Bible comme les catastrophes aujourd'hui nous plongent dans un même désarroi : pourquoi tout cela nous est-il arrivé, et Dieu pendant ce temps là où était-il ? Un désarroi qu'il nous faut prendre au sérieux car la nature a horreur du vide, et faute d’explication notre nature en cherchera, s'en fabriquera même pour combler ce vide. Et tant pis si ces explications sont fausses pourvu qu'elles justifient un tout petit peu ce qui est injustifiable. Ayons le courage de le dire, nous n'avons aucune explication à ces désastres, et toute explication ne peut qu'être indécente devant l'étendue de ces drames.

 

Mais ne pas avoir d'explication ce n'est pas rien avoir à dire. Continuons notre lecture. Après l’épouvante Dieu renouvelle son alliance (8,22) en renonçant à toute forme de violence contre ce monde : je ne le maudirai plus, je le détruirai plus. L'amour de Dieu triomphe de sa colère. Par ces mots le récit du déluge nous introduit dans une grande modernité : par le mythe du déluge, la Bible nous interdit de comprendre le malheur comme la sanction divine, comme la conséquence de quelque logique mystérieuse. Ni Dieu, ni aucune force, ni aucune logique ne peut rationaliser et donc expliquer ou excuser ces catastrophes. Mais alors où est Dieu ? L'absence d'explication ne signifie pas l'abandon divin. Dieu n’est pas dans le cataclysme, mais à travers l'épreuve il créé du nouveau, il promet un avenir aux hommes, Dieu s'engage dans cette promesse c'est l'alliance, annoncée avant la catastrophe et renouvelée après. L'alliance, c'est le fil conducteur qui fait sens. La question n'est plus celle du pourquoi mais du vers quoi. Au travers de l'épreuve que nous ne pouvons pas expliquer mais seulement subir, vers quoi est-ce que Dieu nous conduit ? Le récit du déluge offre à tous ceux qui semblent submergés par une souffrance qui détruit tout, l'assurance qu'un avenir demeure possible, car l'Eternel s'y est engagé, l'arc en ciel nous le rappelle. Même si un événement n'a pas une explication rationnelle, logique, il peut faire sens dans nos vies, il peut nous conduire vers un ailleurs, vers un plus, vers une histoire plus riche encore car porteuse d'une expérience unique même si elle fut douloureuse. Même une tragédie comme celle du Tsunami nous fait grandir. C'est ce qu'a exprimé Michèle Serre en comparant ce qui s'est passé après cette catastrophe avec le 18ème siècle.

Au milieu du 18ème siècle, un tremblement de terre a détruit Lisbonne. Le Portugal et l'Europe toute entière furent ébranlés. Cet événement fut aussi un tremblement dans les consciences, on mit Dieu en accusation, inexistant ou inutile : il ne nous a protégé en rien. Désormais on préfère se tourner vers la science qui ne fait que balbutier, mais dont on espère désormais les progrès comme une garantie pour l'avenir. La science nous sauvera ! Trois siècles plus tard un constat s'impose, la science nous a aidés en bien des domaines, certes, (je n'irais pas me faire soigner les dents comme au siècle dernier), mais la nature reste toujours la plus forte, et devant toutes ces catastrophes nous demeurons dans le même désarroi.            

 

Sauf qu’aujourd'hui, devant ces situations de détresse à grande échelle, la réaction populaire n'est plus à la colère contre Dieu ou qui que ce soit, mais tout simplement à la solidarité. Une solidarité après le Tsunami qui a atteint une échelle planétaire inégalée. Jamais les associations caritatives n'ont reçu autant de dons. Et si plusieurs mois après on peut s'interroger sur le bon usage de cette manne, il n'empêche que devant un drame à l'ampleur tout à fait exceptionnelle a répondu un sursaut d'amour, lui aussi à l'ampleur tout à fait exceptionnelle. C'est comme si cet élan de solidarité et d'amour, donnait un avenir là où il ne semblait plus y en avoir.

 

Cette dernière catastrophe aura-t-elle fait sens ? Oui je le crois. Elle a révélé, elle mis en relief d'une façon tout a fait particulière, vu les circonstances, ce qu'il y avait de bon en l'homme. Ce qui garantit l'avenir, c'est cette capacité de l'homme à aimer et à se laisser émouvoir, et je confesse que ces sentiments-là viennent de Dieu. Comme Noé a découvert l'indéfectible fidélité de Dieu au coeur du déluge, au coeur de l'épouvante l'humanité découvre ce don de Dieu, cette capacité à aimer. L'épreuve loin de tuer l'homme révèle ce qu'il y a de meilleur en lui. C'est comme si dans l'adversité, ce que Dieu avait mis de meilleur en l'homme se réveillait, était réactivé. Dire cela n'est pas justifier la souffrance, l'enfermer dans une logique qui expliquerait sa présence, mais c'est souligner ce qu'elle est incapable de détruire, ce que Dieu a mis de bon en l'homme.

 

Et je crois que le ministère de l'Église c'est de mettre en en valeur, ce qui est bon. Aucun de nous ne découvre aujourd'hui que la solidarité est une bonne chose, mais il importe de reconnaître qu'elle a atteint des proportions tout à fait exceptionnelles face à des événements qui ne l'étaient pas moins. Dans cette souffrance en excès, il y a une vie en excès qui émerge. Voilà qui est tout à fait biblique. En effet on verra se dresser une nation contre une autre, un royaume contre un autre ; il y aura des famines et des tremblements de terre en divers lieux. Mais ce ne seront que les premières douleurs de l'enfantement (Mt 24,7-8).

Les évangiles nous rappellent que ce monde est souffrant et temporaire. Oui ce monde souffre, c'est une donnée qui est là, qui nous précède et contre laquelle nous ne pouvons rien. Mais cette souffrance dit autre chose, l'évangéliste (comme Paul du reste) parle d'enfantement, comme si derrière la souffrance il y avait de la vie. Derrière ce monde traumatisé à bien des égards, il y a le Royaume qui vient comme un germe et comme un terme à toutes les peines. Encore une fois, ce n'est pas justifier la souffrance que de lui opposer la limite que Dieu lui impartit. Si le projet de Dieu est de nous conduire dans la foi, l'espérance et l'amour, il importe de reconnaître ici que les épreuves ne font pas obstacle à ce projet, mais accidentellement même elles l'accélèrent. Aujourd'hui l'Église peut-elle entendre la prédication du monde et devant la compassion des hommes réveillée face l'immensité de ces détresses, qu'elle reconnaisse la fidélité de Dieu qui œuvre en toutes circonstances.

 

                                                                                                                   Xavier Langlois

 

Amen



Genèse 8,21-22 ; 9,8-17 ; Matthieu 6,25-34

"Être reconnaissant pour la création : une qualité de vie"          

 

Regardez donc toute cette beauté !

Tous ces échantillons de récoltes diverses et variées : blé, fruits, fleurs, légumes... ou encore des conserves pour avoir de quoi se nourrir pendant les saisons moins bénies que ce temps des récoltes chez nous. Face à tant de bénédictions, comment ne pas être reconnaissant ?

 

Je vous propose de prendre le temps de contempler tous ces produits que la nature nous offre, ces pommes, noix, citrouilles, poireaux, salades... un chant de louange ne monte-t-il pas tout seul sur nos lèvres ? Qu'il monte alors jusqu'à Dieu, lui disant notre joie et notre reconnaissance pour toute sa bonté.

Prendre le temps de contempler la récolte, d'en mesurer le travail, la victoire sur les intempéries, les insectes, l'absence de pluie ou de soleil et dire merci à Dieu, c'est non seulement une qualité de vie mais c'est aussi une expression de notre foi.

Instituer un jour de reconnaissance pour les récoltes dans une société citadine, moderne et technologiquement très développée, inondée de produits frais en permanence par un commerce international fleurissant peut paraître quelque peu décalé. Ce sont là des traditions d'un autre temps, d'une autre culture, d'une autre société où tout tournait autour des saisons et des récoltes car d'elles dépendait tout le reste de l'année. J'ai néanmoins trouvé au moins quatre bonnes raisons pour vous proposer aujourd'hui un temps d'arrêt sur les récoltes :

§        sur le calendrier des PTT est marqué pour le dimanche 2 octobre 2005 : « fête des récoltes ». Tiens, tiens, cela se répandrait aussi à « l'intérieur » du pays et pas seulement en Alsace !

§        dire notre reconnaissance à Dieu pour sa création et le profit que nous en tirons n'est jamais de trop et il est bon de s'en souvenir ensemble !

§        dans un monde où nous voyons et entendons surtout ce qui va mal, cela fait du bien aux yeux et au coeur de s'arrêter pour voir ce qui est beau et bon,

§        et puis j'aime depuis longtemps ce qu'on appelle chez moi, le "Erntedank­fest" car dans mon pays d'origine, c'est une coutume bien ancrée. Je me souviens d'avoir fait, en tant que catéchumène, du porte-à-porte pour récolter des dons pour le Erntedankfest. Nous avons reçu bon accueil, personne n’était choqué d'un démarchage ecclésial et c'était pour nous une initiation à l'action diaconale car après le culte, tout était distribué aux nécessiteux. J'en garde un si bon souvenir que 34 ans plus tard je vous en parle encore avec enthousiasme !

Voilà pourquoi j'ai pensé utile que nous prenions aujourd'hui, au milieu d'une grande ville européenne du 21ème siècle, le temps de regarder les fruits de la terre et de remercier Dieu ensemble pour ce miracle quotidien d'avoir de la nourriture en quantité.

N'est-il pas important, pour nous croyants, de reconnaître dans les produits que nous consommons quotidiennement ce petit « plus » de l'action du créateur du ciel et de la terre qui a fait aboutir le travail de l'Homme ? Et puis, être reconnaissant, c'est aussi rester humble. Reconnaître que tout n'est pas dans notre pouvoir humain, que nous sommes dépendants du « plus » de l'action du Créateur qui fait du travail humain une récole qui éloigne la misère et permet la survie. Même si nous payons un prix, soit d'argent soit de travail, chaque pomme mûre, chaque raisin, chaque grain de blé comporte ce petit « plus » du créateur qu'on ne peut pas mettre sur le compte de l'homme et son effort. Une partie de la maturation échappe toujours à l'être humain et reste hors de son pouvoir d'influence... et en tant que chrétiens, nous en remercions Dieu, le créateur de toutes choses.

Prendre le temps de louer Dieu ensemble, reconnaissant ainsi notre dépendance et lui exprimer notre joie de trouver une nourriture si riche et magnifique, est une qualité de vie et de foi.

N'est-il pas vrai que le plus souvent, quand nous nous adressons à Dieu, la prière nous vient plus facilement pour exprimer nos besoins, nos révoltes, nos malheurs ? Quand ça va mal, que nos propres forces nous paraissent bien trop modestes pour faire face, nous en appelons à Dieu... mais savons-nous aussi reconnaître ce qui va bien et dire « merci » ?

Louer Dieu, c'est entretenir une relation vivante avec lui, c'est échanger avec Dieu, en bon copain, des rires et des joies, « comme on se réjouit à la moisson ».

Louer Dieu pour les récoltes, c'est prendre de l'oxygène spirituel, c'est se gonfler de bonnes choses pour mieux résister à la morosité ambiante. J'ai été surprise d'entendre même au « 20h » le speaker dire que les bonnes nouvelles sont suffisamment rares pour qu'on les souligne d'emblée - en l’occurrence, il s'agissait d'un chômeur qui avait gagné une fortune, des centaines d'années de SMIG.

On entend tellement ce qui ne va pas, des conflits, des attentats, des cyclones, des affaires judiciaires affolantes, des licenciements, des manifestations, des famines et épidémies. S'y ajoute un sentiment d'inquiétude généralisée car presque aucun emploi n’offre des garanties de stabilité et on peut redouter des licenciements dans tous les secteurs. La misère existe, on la voit, il suffit de se promener dans les rues de Lille. Des catastrophes naturelles secouent notre planète, sans doute accentuées par une gestion légère de l'environnement qui voit plus un profit immédiat qu’un vivre ensemble à long terme... la liste des mécontentements et angoisses est longue et tellement compréhensible...

Pourtant, je vous invite à prendre aujourd'hui le temps de contempler ce qu'il y a de beau, de bien, de bon et de louer Dieu pour sa belle création.

Louer Dieu nous permet aussi de prendre un peu de hauteur, de rejoindre la lumière de Dieu, de changer de perspective et sortir la tête hors de ces marasmes de morosité et tristesse. Ce n'est pas d'un comportement d'autruche qui préfère enfouir la tête pour ne pas regarder des difficultés réelles que je vous parle mais d'une attitude qui sait aussi repérer et regarder ce qu'il y a de bien. À force d'être tiré vers le bas, de toujours regarder ce qui va mal, de s'enfoncer dans le pessimisme comme s'il n'y avait aucun espoir, on finit par laisser toute la place à ces sombres sentiments. On leur permet de nous envahir comme si on n'avait pas d'espérance, comme si le Royaume de Dieu était inaccessible, inimaginable, inatteignable.

Être reconnaissant et le dire à Dieu, c'est se gonfler de confiance, c'est se nourrir d'espérance, c'est respirer l'air de Dieu.

La confiance est un élément de base de notre foi. Savoir lâcher prise des soucis, leur donner une juste place sans leur permettre d'envahir tout l'espace, c'est l'enseignement des oiseaux et des fleurs dans les champs car « ils ne sèment ni ne moissonnent, ils ne se font pas de greniers, mais votre père qui est au ciel les nourrit. Ne valez-vous pas plus que les oiseaux ? » (6,26)

Mais si, vous valez plus ! Faites donc confiance à Dieu pour l'essentiel, laissez aller la morosité omniprésente et « préoccupez-vous du Royaume de Dieu et de la vie juste qu'il demande et Dieu vous accordera aussi tout le reste » (6,33) « Ne vous inquiétez donc pas de ce que vous allez manger, comment vous habiller » Inquiétez-vous plutôt combien votre confiance en Dieu est faible (30) !

Être reconnaissant pour les récoltes, c'est aussi une façon d'exprimer sa confiance en Dieu et en plus, cela fait du bien à nous-mêmes. Quelle qualité de vie, quelle bouffée d'oxygène spirituel !

Et puis, il y a encore l'arc-en-ciel qui nous rappelle l'engagement de Dieu envers Noé. Après le déluge, Dieu s'est mis un garde-fou pour ne plus jamais céder à sa colère et anéantir la vie sur terre. Bien sûr, il sait aussi que l'homme, dès sa jeunesse, n'a au coeur que des mauvais penchants (Gn 8,21) et pourtant Dieu s'engage : tant que la terre durera, semailles et moissons, chaleur et froidure, été et hiver, jour et nuit ne cesseront jamais (8,22). Des repères fixes nous sont ainsi donnés, des ancres pour notre confiance.

S'y rajoute une autre alliance, la nouvelle, celle de l'amour inconditionnel et éternel de Dieu envers les hommes, manifesté par Jésus Christ.

En Jésus Christ, Dieu nous a déjà donné le gage de la vie en plénitude qui ne craint pas la mort. Pour faire barrage aux aléas de la vie, aux peurs confuses et aux morosités permanentes, nous pouvons nous appuyer en confiance sur cette alliance de vie, une vie déchargée de la peur du néant, déchargée du poids des péchés, déchargée des inquiétudes paralysantes... une vie aux parfums de l'éternité.

Que notre foi accueille cette nouvelle vie, offerte gratuitement à toute personne qui entend ce message comme une bonne nouvelle. C'est ce petit « plus » dans notre vie qui la mène à l'aboutissement, à la maturité, à une récolte qui se fait au Royaume de Dieu. Nous pouvons dans la reconnaissance envers notre créateur et sauveur puiser force et espérance contre tout ce qui rabaisse la vie.

C'est un art de vivre, une qualité de vie : remercier Dieu pour tout ce qu'il y a de bien, de beau, s'émerveiller devant les petits « plus » dans nos récoltes, dans nos vies et nos angoisses.

Être reconnaissant est accessible à tous et toutes, cela ne coûte pas cher - sauf à notre orgueil et notre désir d'indépendance - mais cela rapporte toute une qualité de vie.

Être reconnaissant, c'est pouvoir lâcher prise les multiples soucis bien réels, c'est faire confiance à Dieu qui nous assure l'essentiel.

Être reconnaissant, c'est puiser de l'espérance auprès de Dieu pour nous armer contre toute morosité.

Remplis de reconnaissance, d'espérance et de confiance en Dieu nous voulons offrir au monde un bouquet de joie aux couleurs de l'arc-en-ciel. Nous pouvons nous joindre aux chants des pèlerins juifs (Ps 123) : « à Sion, quand le Seigneur changera notre sort, nous pensions rêver. Nous ne cessions de rire et de lancer des cris de joie. Chez les autres nations on disait : « Le Seigneur a fait beaucoup pour eux ». Oui, le Seigneur a fait beaucoup pour nous et nous étions heureux. Seigneur, change notre sort une fois encore comme tu ranimes les ruisseaux asséchés. Celui qui pleure quand il sème criera de joie quand il moissonnera. Il part en pleurant pour jeter la semence, il revient criant de joie, chargé de ses gerbes de blé ». Que le Seigneur soit loué pour les récoltes, pour les arcs-en-ciel, pour les petits « plus » dans notre vie et notre foi, pour les hommes et les femmes porteurs d'espérance et pour Jésus Christ notre sauveur. Amen

 

 

                                                                                                 Eva Nocquet




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