Éditorial
Parole au bassin minier réformé
Notre numéro du mois de mars 2003, incluant un dossier sur le littoral réformé
commençait ainsi : “ Qui lit attentivement la première page
de ce journal, notera qu’il a entre les mains le journal des Eglises réformées de la
métropole nord, du bassin minier et du littoral. ” Cette fois-ci c’est le
bassin minier qui est à l’honneur. L’espace concerné (Douai, Hénin-Beaumont, Lens et Liévin) ne
comprend pas Valenciennes qui s’intégrera plutôt dans un dossier sur le Hainaut réformé. Notons au passage que le bassin minier en question, constitue une entité à part et fait partie du
consistoire du Bassin minier Artois Somme. Cette zone se distingue à bien des égards du reste de la région. Ici les paroisses ne sont pas disséminées, mais très proches les unes des autres. Ici
le rapprochement des paroisses se fait entre une grande (Douai) et des petites (Hénin-Beaumont, Lens et Liévin). Comme dans le reste de la région, le protestantisme du XVIè siècle,
très éphémère, n’a laissé aucune trace. C’est au XIXè siècle, lors du Réveil, que les protestants réapparaissent dans la zone. Depuis cette époque, les institutions sociales (la
Croix Bleue, la Fraternité, Rencontre et Loisirs, etc.) y jouent un rôle fondamental.
Dans ce numéro nous avons interviewé le pasteur et les présidentes des conseils presbytéraux. Le dossier comporte
également des notes sur l’histoire, surtout des XIXè et XXè siècles, de chaque paroisse. Nous présenterons aussi les activités paroissiales et les temples de la
zone.
Bonne lecture à tous, et un grand merci aux paroisses du Bassin minier qui ont activement participé à la rédaction
de ce numéro.
LP
SOMMAIRE
Interview
L'Eglise réformée de Douai
L'Eglise réformée de Lens
L'Eglise réformée de liévin
L'Eglise réformée d'Hénin-Beaumont
HISTOIRE DE L’ÉGLISE RÉFORMÉE DE DOUAI
La Réforme arrive à Douai sous le règne de Charles Quint par l’intermédiaire des marchands de draps de Tournai en
contact avec des drapiers douaisiens. On parle des premiers martyrs dès 1523. La persécution fait
rage, on pend, on brûle, on bannit, des femmes sont enterrées vivantes. Mais les réunions secrètes continuent. Pierre Bruly organise la Réforme à Douai. L’inquisition s’installe et de nombreux
protestants quittent la région. Les protestants entrent dans la clandestinité pour trois siècle
A la fin du XIXème siècle, l’Église de Douai dépend du pasteur de Valenciennes. Le culte a lieu dans
une salle de l’hôtel de ville. Un arrêté préfectoral du 8 août 1897 autorise la construction du temple. Celui-ci est inauguré le 16 mai 1901. Le premier pasteur nommé en 1906 est Paul Barde. Dans
le même temps arrivent à Sin le Noble M. Trocmé et Evrard . La ville gardera ces pasteurs jusqu’au début des années 1970.
La salle de la Gerbe est inaugurée le 28 avril 1929. Une section de la Croix Bleue s’ouvre à l’époque du pasteur
Viollier, elle est toujours active. Les éclaireuses et éclaireurs sont apparus très tôt, cette activité existe encore.
La paroisse de Douai s’étend sur la majeure partie de l’arrondissement du même nom. La paroisse de Liévin,
Hénin-Beaumont, Lens comprend une partie de l’arrondissement de Lens - Béthune. Bien que les distances soient raisonnables, le poste pastoral est à cheval sur deux départements et le secteur
regroupe une importante population et des villes et village imbriqués les uns dans les autres ce qui a posé quelques problèmes à notre jeune pasteur à sa prise de fonction.
HISTOIRE DE L’ÉGLISE RÉFORMÉE DE LENS
La situation géographique de Lens privilégie cette agglomération comme lieu de passage dans cinq directions mais la sanctionne également : elle fut l’enjeu naturel de ses puissants voisins.
La pré-Réforme vaudoise et la Réforme s’intègrent mal dans cette bourgade peu instruite dominée par les ordres, les confréries et l’inquisition. Les derniers réformés connus de cette période sont des émigrés à Londres nés dans le bailliage de Lens : ces sont Jean-Baptiste Walbecq marié le 15 décembre 1657 à Marthe Fowlen et Catherine Lansel, fille de Jean, seigneur de Vimy, mariée le 11 janvier 1645 avec Foré Pierre d’Arras. La journée du 3 mars 1568, sous le joug du duc d’Albe, restera celle du
martyre des pasteurs et membres connus de nos Églises d’Artois. En pays d’Alleu, l’année de 1569
sera celle de seize exécutions et cent soixante bannissements.
Il fallut attendre l’exploitation charbonnière pour voir des chrétiens réformés, darbystes et baptistes, soit
d’origine cévenole, soit d’origine belge, tant flamande (Audenarde) que wallonne (Borinage). La xénophobie anti-belge amènera certains, après la grêve et le look-out de 1892, à quitter les
Églises et à partir vers les USA (Illinois). À Haisnes, sur les trente cinq communiants, trente deux furent dénoncés par le curé et renvoyés. Liévin mis à part, l’hostilité larvée ou officielle
se perpétura dans le pays minier jusqu’à Vatican II. Ces évènements sociaux obligeront la SCN (Société Chrétienne du Nord) à fermer les postes de Beuvry et de Wingles, à déplacer le pasteur Boyer
et ouvrir un temple à Lens, siège central d’une Église où les membres sont localisés majoritairement en périphérie de la ville. Le terrain fut acheté, rue Victor Hugo et le temple, construit par
la SCN et les fidèles, fut inauguré le jour de la Sainte Barbe, le 5 décembre 1897 avec deux cultes, l’un en français présidé par le pasteur Husquin et l’autre en flamand.
En 1905, M. Bion crée la “Fraternelle protestante”, une mutuelle qui rencontre un vif succès jusqu’en juillet
1949. La Croix-bleue créée officiellement en 1909, reçoit le congrès national et le maire Émile Basly (baptiste) défile en tête des croix-bleus, des bons templiers et des syndiqués.
En 1913, M. Favre remplace M. Husquin puis la guerre rase Lens et ses environs. Les caves se transforment en
chambres à coucher. En 1920, Lens ne retrouverant pas tous ses membres est uni à Liévin officiellement, avec comme conséquence le passage des dommages de guerre à la SCN et partiellement à
Liévin. Il n’est pas question pour la SCN de reconstruire. Notre restauration viendra totalement des canadiens anglophones. Pour commémorer la bataille de la crête 150 à Vimy, la “Canada
Batlefields Memorial Comission” voulait édifier une chapelle du souvenir à coté du monument. C’est alors qu’intervint la Fédération Protestante de France (président M. Grüner) qui suggère
d’édifier un presbytère et un temple permanent à la place d’une chapelle qui n’aurait servi que deux fois par an les 9 avril et 11 novembre. Le comité de Montréal, dit “des 32”, représentant le
protestantisme anglophone canadien donne son accord et, sous la présidence de Madame et Monsieur Bieler-Merle d’Aubigné, permet l’ouverture du presbytère en décembre 1923 et la dédicace du temple
en juin 1925. C’est ce même comité de Montréal, renouvelé mais encore présidé par Mme Blanche Bieler, qui permettra après la destruction totale du presbytere et partielle du temple, la
reconstruction des immeubles détruits par les bombardements des Alliés en août 1944.
Notre Église deux fois détruite en vingt ans continue d’apporter l’Évangile à nos concitoyens et, bien que très
affaiblie par la récession minière, maintient une présence cultuelle le deuxième dimanche, rue Victor Hugo et une activité diaconale à Liévin avec la Fraternité.
L’HISTOIRE DE L’ÉGLISE RÉFORMÉE DE LIEVIN
Située au sud de l’ancien bassin minier, sa zone géographique inclut 13 communes, pour une population de 90 000 habitants. M. Monnier, dans son livre d’or du protestantisme français, indique une présence protestante dans
la commune vers 1880. La communauté protestante liévinoise se développe grâce à la Société Chrétienne du Nord avec Monsieur Boissonnas et sous l’impulsion d’un évangéliste,
Monsieur Bion. En 1893, la paroisse recensait 193 protestants lors de l’inauguration de la première salle d’évangélisation. Monsieur Bion, toujours présent en 1909, devint son premier pasteur. Il
crée la société de secours mutuelle “La Fraternelle protestante” (400 personnes), première mutuelle créée dans les mines. Le pasteur Aeschlimann crée en 1910 le mouvement “Croix
Bleue”, il est secondé par le pasteur Lemaître. Le premier temple est détruit pendant la guerre
1914-1918. Un nouveau temple et un presbytère sont construits en 1919-1925.
La population protestante recensait alors 622 protestants et 2 pasteurs (Messieurs Aeschimann et Morel).
Il existait également à Calonne Liévin deux bâtiments (La Fraternité et une
salle de réunion). Le Temple, reconstruit et inauguré en 1925, se situe au 189 rue J.B.
Défernez.
Le temple et la sacristie utilisés par notre église sont la propriété de la ville de Liévin. Le presbytère, la salle des fêtes et les salles annexes sont occupés
par La Fraternité de Liévin (poste Mission Populaire). L’ensemble est propriété de la ville de Liévin, suite à une
donation en 1994 de l’ERF Liévin à la municipalité.
L’HISTOIRE DE L’ÉGLISE RÉFORMÉE D’HENIN-BEAUMONT
Dès son arrivée à Hénin en 1888, l’évangéliste M. Boyer, faisant le crieur de rue, invite à des réunions
évangéliques. Cela débouche sur la création d’un poste.
En 1890, M. Georges Boissonnas vint occuper le poste et fut, avec son ami Paul Barde, le pionnier, non seulement
d’Hénin mais de tout le bassin minier.
Ils établirent les postes de Sin-le-Noble et Dorignies en 1892, Lens en 1894, puis Aniche en 1899.
Bientôt un premier temple, une simple salle, est ouverte, puis le presbytère, quatre pièces en
rez-de-chaussée.
Le 13 septembre 1891 est inauguré le petit temple de la rue Parmentier (ex rue du Halage), le presbytère reçoit un
étage.
Le poste Sin-le-Noble prenant de l’importance, M. Boissonnas prend en charge le poste et M. Paul Barde se charge
de celui d’Hénin.
Dans tous les postes du bassin minier ont eu lieu des réunions de corons ou des réunions de cuisine. Les cuisines
se remplissaient de tous les voisins et amis, c’était une occasion magnifique de prendre contact avec des familles nouvelles.
Vers 1901, un temple plus vaste a été reconstruit rue Parmentier. En 1922, la Fraternité s’est installée rue de
Lens après l’achat des bâtiments.
En 1940, avant l’arrivée des troupes allemandes, les carrefours furent bombardés et le temple de la rue Parmentier
détruit mais la croix resta miraculeusement debout. La Bible seule fut sauvée, elle est aujourd’hui sur la table de communion du temple.
Le culte aura désormais lieu dans les locaux de la “ Fraternité” (Salle Verte). L’Église devient association
cultuelle en 1948. Un nouveau temple est construit en 1952.