Les baptistes : histoire, ecclésiologie, confession de foi (juin 2004)
Editorial
Les baptistes
Ce mois de juin sera marqué par la fête de la Pentecôte et, comme chaque année, certains
demanderont le baptême ce jour-là. Baptême d’adulte ou baptême d’enfant ?
Aujourd’hui notre Église réformée accepte l’un et l’autre. Il n’en a pas toujours été
ainsi ! La question a divisé les protestants dès le XVIe siècle. Certains, considérant que le baptême d’enfant n’avait pas de valeur, baptisaient à nouveau les adultes. On les appelait les anabaptistes (ceux qui baptisent à nouveau). Ce sont les ancêtres des baptistes d’aujourd’hui. Ainsi le baptisme fait-il partie des Églises historiques de la Réforme. La question du
baptême a donné naissance à toute une série d’Églises que nous qualifieront de famille
baptiste. Le nombre des baptistes en France est modeste puisqu’ils comptent environ sept mille membres actifs, appelés aussi professants. Les baptistes sont aussi très présents à travers
leurs œuvres comme l’abeg. Même lorsqu’elles sont regroupées¹, les Églises locales restent autonomes. Certaines Églises baptistes sont membres de la Fédération protestante de France depuis sa
fondation, d’autres sont toujours en dehors de la fédération.
Les baptistes sont beaucoup plus présents aux USA avec trente millions de fidèles, en particulier dans le vieux Sud. Martin Luther King est la figure la plus connue du baptisme américain. Le baptisme français est en revanche moins connu. Ce numéro nous invite à redécouvrir ce courant majeur du protestantisme à travers ses confessions de foi, son organisation ecclésiale et son histoire.
Bonne lecture
LP
1 Fédération des Églises évangéliques baptistes de France.
Écclésiologie
Depuis leurs origines, les Églises baptistes ont considéré qu’elles avaient pour vocation d’être les plus fidèles possibles aux principes et aux doctrines du Nouveau Testament. C’est en tout cas ainsi qu’elles se définissent ! Elles considèrent qu’il y a un modèle d’Église fidèle aux paroles du Christ et souhaitent le restituer.
Les baptistes ne forment pas une nouvelle religion, pas plus qu’ils ne le faisaient lors de la création de leurs Églises. Il s’agit bien de chrétiens respectueux des Écritures, souvent en rupture avec le système de l’Église catholique, et qui considèrent que les réformés et les luthériens ne vont pas assez loin dans leur volonté de réformer la conception de l’Église. Ce radicalisme fait l’objet de discussions.
Toutefois, les Églises baptistes s’inscrivent bien à l’origine dans des conceptions classiques issues de la Réforme protestante. L’enseignement biblique, remis en lumière par Luther, concernant le sacerdoce universel est la base de l’organisation de l’Église. Toutefois, ces Églises sont des assemblées de professants.
Ainsi est-il essentiel pour la théologie baptiste que le fidèle puisse confesser publiquement sa foi, suite à une expérience de conversion et puisse demander le baptême d’adulte par immersion. Elles prétendent donc ne baptiser que des croyants !
Elles attendent de leurs membres qu’ils expriment une confession de foi personnelle. Dans cette conception l’on met en avant l’idée selon laquelle le nourrisson ne peut se repentir et confesser, en conséquence, pas de baptême d’enfants, mais des présentations.
Les Églises baptistes ne possèdent ni chef, ni organisation supranationale qui donnerait des ordres aux Églises, mais il y a des regroupements au niveau international.
Chaque assemblée se doit d’être autonome et indépendante. Néanmoins, elle peut s’associer avec d’autres Églises baptistes. Les organisations baptistes, sauf exceptions, préservent l’indépendance des Églises qui en sont membres.
Les Églises baptistes se doivent de pourvoir à leurs propres besoins financiers par les dons volontaires de leurs membres. Elles ne doivent pas compter sur les subsides de l’État ou faire pression sur les chrétiens pour donner de l’argent.
Au niveau de l’exercice du ministère, les pasteurs sont mis à part pour annoncer l’Évangile et édifier la communauté. Ils ne sont théoriquement en rien supérieurs à leurs fidèles ! On attend toutefois d’eux qu’ils soient irréprochables, qu’ils exercent convenablement leur ministère et qu’ils aient un don d’enseignement.
Il n’y a en fait pas de hiérarchie, mais les pasteurs sont désignés à certaines fonctions de présidence des unions pour des mandats déterminés.
La Fédération des Églises baptistes de France est rassemblée autour d’une confession de foi que vous pourrez découvrir dans un article de cette publication. Depuis ses origines, elle tente de donner un visage plus uni au baptisme français.
Chaque année se tient un congrès national, le jeudi de l’Ascension. Chaque Église locale y délègue ses représentants. Le congrès émet des vœux pour orienter les décisions du conseil de la fédération, conseil élu, composé de treize membres. Le congrès a aussi pour tâche d’adopter les textes régissant la vie de la fédération, il est chargé de prendre les grandes décisions.
Le conseil délègue ses pouvoirs et compétences à des comités (mission intérieure baptiste, école pastorale, jeunesse et organe de presse mensuel Construire ensemble) Il lui appartient aussi de désigner des commissions (missionnaire, des ministères, des finances, de formation, d’éthique, d’animation des cultes, de recherche historique, sans oublier l’Union des femmes baptistes).
Les baptistes sont donc des chrétiens qui insistent sur :
- La bible comme fondement de leur foi,
- La personne et l’œuvre de Jésus-Christ,
- La repentance et la conversion,
- Le baptême des croyants,
- L’autonomie des communautés locales,
- La vocation missionnaire.
Ils cherchent le dialogue et une collaboration avec les autres Églises chrétiennes :
- Dialogue théologique baptistes-catholiques au niveau mondial et français,
- Dialogue européen avec les Églises de la concorde de Leuenberg et, en France, avec le CPLR.
- Participation à la conférence des Églises chrétiennes en Europe,
- Action comme membre de la Fédération protestante de France.
Sur le plan idéologique, les baptistes sont des défenseurs fervents de la liberté religieuse et de la séparation des Églises et de l’État. L’Alliance baptiste mondiale participe enfin à l’ONU à la lutte pour les droits de l’homme.
Frédéric Verspeeten.