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Le blog de Liens protestants, le journal protestant du nord

Les guerres de religion (mars 2012)

11 Mars 2012 , Rédigé par Liens protestants Publié dans #2012

Éditorial

LES GUERRES DE RELIGION

 

Ce jeudi 1er mars 2012, une cérémonie a lieu à Wassy avec dévoilement d’une plaque commémorative portant le nom des victimes du massacre qui marqua le début des guerres de religion, il y a 450 ans. Ce triste anniversaire nous offre l’opportunité d’ouvrir le dossier de ce mois.

Les historiens ont dénombré huit guerres entre 1562 et 1598, opposant catholiques et protestants. Les dates limites ont fait l’objet de critiques. Quant à l’expression « guerres de religion » elle était inconnue des contemporains, qui vécurent ces conflits comme des guerres civiles. Les enjeux et les acteurs ont varié au fil du temps. Il n’est pas évident de suivre les étapes de ces conflits qui déchirèrent la France pendant presque 40 ans. Les facteurs politiques nationaux et internationaux, les rivalités entre familles de la noblesse interfèrent avec le facteur religieux. Sans entrer dans les détails de ces conflits successifs, ce dossier vous plongera dans l’univers du triste XVIe siècle, avec les principaux acteurs, des œuvres d’art et des œuvres littéraires.

Ces guerres marquèrent durablement le protestantisme français. Elles constituent un coup d’arrêt à l’expansion de la Réforme en France. C’est le premier épisode de l’histoire du refuge huguenot. Aussi lointaines qu’elles puissent être, les guerres de religion ont marqué les mentalités protestantes jusqu’à aujourd’hui.

 

Bonne lecture à tous.

 

 

 


SOMMAIRE

 

 

 

 


Histoire 

 

LES GUERRES DE RELIGION 1562-1598

                                                  Les grandes lignes

 

On appelle guerres de religion l’ensemble des conflits qui opposèrent catholiques et protestants dans la France du XVIe siècle. Pour des raisons pratiques, le sujet étant tellement vaste, j’ai gardé la chronologie habituelle : 1562 (massacre de Wassy) - 1598 (édit de Nantes). En fait cette chronologie est trop étroite. On peut faire commencer les guerres en 1559 à la mort d’Henri II et les terminer en 1629 avec l’édit d’Alès. Notons que les contemporains n’ont jamais parlé de guerres de religion mais de troubles et de guerres entre armées françaises… « Ce siècle n’est rien qu’une histoire tragique[i] ».

 

AUX ORIGINES

 

L’expansion de la Réforme est une des causes préalable aux guerres de religion. Le protestantisme apparaît en France sous François Ier. Les persécutions commencent sous son règne avant même l’affaire dite des Placards. La première grande victime est l’humaniste et ami d’Érasme, Louis de Berquin[ii], brûlé en 1529 en place de Grève. Le protestantisme dans sa composante calviniste progresse surtout sous le règne d’Henri II. L’adhésion de certains grands seigneurs, tels les Coligny et les Condé, renforce le camp huguenot. Des Églises réformées sont dressées un peu partout dans le royaume. Un premier « synode général des Églises de France » se réunit à Paris en 1559. Les persécutions n’ont donc en rien stoppé l’expansion de la Réforme en France. Lorsque le roi persécuteur, Henri II, meurt après un tournoi, les protestants y voient le jugement de Dieu. On estime que les huguenots représentaient alors de 10 à 25% de la population.

 

Le pouvoir royal est affaibli pendant toute la période. Les rois François II et Charles IX montent sur le trône très jeunes. Cette situation de minorité laisse le champ libre aux luttes de factions. Les Guise dirigent le pays pendant le règne de François II et persécutent les protestants (exécution d’Anne de Bourg, des conjurés d’Amboise). Sous Charles IX, la reine-mère Catherine de Médicis assure la régence. Sa politique de tolérance à l’égard des protestants a pour but d’affaiblir et diviser la noblesse.

 

LES HUIT GUERRES DE RELIGION

 

Traditionnellement on compte huit guerres de religion, entrecoupées de moments de paix plus ou moins relative. Certaines sont très courtes comme la sixième guerre (quatre mois) et d’autres plus longues comme la dernière (dix ans). Il serait fastidieux de présenter les batailles, sièges, renversements d’alliances, massacres qui émaillèrent ces conflits. Je vous propose juste de regrouper lesdites guerres en quatre catégories. Wassy, grange et musée

 

Les trois premières guerres sont de type aristocratique. Elles opposent les noblesses catholique et protestante. L’enjeu pour les chefs huguenots est de contrôler le pouvoir royal soit en établissant un rapport de force en leur faveur, soit par des tentatives de capture. Les protestants, moins nombreux et moins armés, finissent par obtenir des conditions de paix avantageuses, leurs adversaires devant cesser les combats par lassitude et manque d’argent. En 1570, l’édit de Saint-Germain[iii] accorde pour la première fois des places de sûreté aux protestants.

 

La quatrième guerre de religion est très particulière puisqu’elle correspond à la Saint-Barthélemy. Les historiens parlent de saison des Saint-Barthélemy, tant la moitié nord du royaume est marquée par une succession de massacres. Le parti huguenot est décapité, ses chefs étant morts (Coligny) ou faits prisonniers (Condé et Navarre). Mais les protestants du sud créent un État dans l’État (levée d’impôts, assemblées élues, justice autonome, organisation militaire propre…). Un fossé s’est creusé entre les protestants et le pouvoir royal.

 

Les cinquième, sixième et septième guerres de religion voient apparaître un nouvel acteur, le frère du roi, François d’Alençon. Allié aux protestants, il forme le parti des malcontents. Lors de la cinquième guerre, il obtient de nombreux avantages tout comme les protestants. Monsieur, frère du roi, ayant changé de camp, les huguenots seront plus sur la défensive dans les deux autres conflits ! Mais le pouvoir royal ne cesse de se réduire face aux gouverneurs des provinces.

 

La huitième guerre de religion est la plus longue et la plus éprouvante de toutes. Elle oppose trois Henri : Henri de Guise, devenu chef de la Ligue, Henri III, le dernier Valois et Henri de Navarre, le futur Henri IV. L’enjeu est le pouvoir royal comme l’indique l’affrontement entre les deux catholiques (Guise contre Valois) et les renversements d’alliances (Henri de Navarre est tantôt adversaire et tantôt allié d’Henri III). Après les assassinats d’Henri de Guise puis d’Henri III, Henri de Navarre devient roi de France (Henri IV). Il lui faudra toute son habilité militaire et politique pour asseoir son pouvoir et mettre fin aux guerres de religion par l’édit de Nantes de 1598.

 

ACTEURS ET ENJEUX

 

La première difficulté, lorsque l’on aborde les guerres de religion, est la multiplicité des acteurs et ce sur plusieurs générations. Les principaux protagonistes sont les clans nobiliaires aux noms prestigieux comme les Montmorency, les Bourbon, les Guise… Si certaines familles sont clairement protestantes (Condé) et d’autres catholiques (Guise), il est des familles traversées par le clivage religieux comme les Bourbon (Antoine de Bourbon est catholique et Jeanne d’Albret est protestante). Un code de l’honneur et les liens matrimoniaux en font des adversaires respectueux.

 

Il y a ensuite la famille royale incarnée par Catherine de Médicis et ses fils Charles IX et Henri III. L’enjeu pour le pouvoir royal est de maintenir son autorité en arbitrant les conflits entre grands nobles. La Saint-Barthélemy fait perdre à la famille royale ce rôle d’arbitre. Le pouvoir royal s’affaiblit alors avec la multiplication des factions et des pouvoirs locaux. L’affaiblissement est extrême lorsqu’Henri IV devient roi sans royaume !

 

Dès le début du conflit les puissances étrangères interviennent, par solidarité religieuse mais aussi par intérêt politique et choix stratégique. Ainsi l’Angleterre d’Élisabeth envoie troupes et argent aux huguenots. Elle y gagne des places fortes (la ville du Havre est livrée aux Anglais) et contrarie les projets espagnols. La couronne d’Espagne finance la Ligue et envoie des troupes en France. Ces interventions s’inscrivent dans le cadre de la lutte contre le protestantisme mais visent aussi à renforcer les positions du roi d’Espagne. Les Espagnols iront jusqu’à proposer la candidature d’une infante au trône de France !

 

Les enjeux des guerres de religion sont à la fois religieux, politiques, personnels et internationaux. Les origines de la Saint-Barthélemy permettent de montrer l’interaction entre ces différents facteurs. Le point de départ est un attentat raté contre Coligny. Le coup d’arquebuse étant tiré d’un hôtel du duc de Guise, sa responsabilité semble évidente. Le jeune duc voyait en Coligny le commanditaire de l’assassinat de son père. À cette vengeance familiale il faut ajouter des considérations internationales. L’Espagne avait intérêt à éliminer Coligny, qui poussait à intervenir contre elle dans les Pays-Bas révoltés. L’élimination de Coligny permet à Catherine de Médicis de retrouver son influence auprès de son fils. L’ordre d’exécution des chefs protestants vise à défendre l’autorité royale face au parti huguenot. En revanche le massacre avec sa violence s’inscrit dans une logique religieuse de lutte contre les forces du mal. Le protestant n’est plus un adversaire politique mais un hérétique à éliminer.

 

 

 

Les guerres de religion ne se réduisent pas à un conflit interreligieux. Ce sont des guerres entre Français, pour le pouvoir, avec des interventions étrangères. Cette période de guerres civiles est la plus douloureuse et la plus longue qu’ait connue notre pays ! Les conséquences sont à la fois politiques avec la refondation de l’absolutisme royal, et religieuses avec le coup d’arrêt donné à l’expansion du protestantisme, sa protection et son confinement à travers l’édit de Nantes. C’est une page d’histoire déterminante et tragique pour le protestantisme français.

 

 

 

É. Deheunynck

 



[i]L’expression est d’Agrippa d’Aubigné.

[ii]Louis de Berquin est né en 1490 à Vieux-Berquin (59).

[iii]Cette paix fut qualifiée par les protestants de boiteuse et mal assise ! Les négociateurs catholiques étaient le boiteux Biron et Henri de Mesme, seigneur de Malassise !

 

 

 

 

 

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R
la religion n'est pas inserer dans la politique,elle est exemplaire de toute chose,elle participe de la construction de la société,a ce titre elle n'est pas préservée des aléas des jeux politiques,elle est partie prenante des procéssus identitaires.
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L
tres interressant mais ne rpd pas ama question!!!!!!!!!!
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E
vaste sujet... Rembrandt, Bach, Cranach...
C
il faudrait mettre aussi des œuvres artistique sinon g apris plein de choses dur ce blog merci encore
N
hjnbhjhjb kjbhnkjh
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M
J'ai visité votre blog, et je tiens à vous dire que j'aime beaucoup les photos que vous avez choisies partout sur votre blog bravo
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E
merci pour votre commentaire<br /> les photos et cartes sont de moi-même